Imed Kacem

« Quand on regarde l’implication de certaines entreprises et le potentiel d’amélioration de celles-ci, le projet prend une dimension nouvelle, en ce qu’il existe de nombreuses pistes d’amélioration auxquelles le projet à travers la plateforme tente de répondre. »

Un entretien avec Imed Kacem, professeur à l'Université de Lorraine, sur les obstacles et les étapes majeures et la plateforme de projet.
Quelle expertise apportez-vous, vous et votre équipe, au consortium PRODPILOT ? Quel est votre rôle dans le projet ?

Les compétences du Laboratoire de Conception, Optimisation et Modélisation des Systèmes (LCOMS) de l’université de Lorraine au sein de PRODPILOT comprennent différents domaines : l’informatique en premier lieu, avec la conception et la mise en œuvre de la plateforme d’analyse des données, son hébergement. Toutes les fonctionnalités inhérentes et invisibles, comme l’algorithme, la base de données et la gestion de l’interface sont également prises en charge. Enfin, le travail quotidien concerne les problématiques d’usage, la sécurisation et le maintien de la plateforme.

Un autre domaine concerne la participation active du LCOMS à l’accompagnement des entreprises dans les études de cas, pièce centrale du projet PRODPILOT. A ce titre, le LCOMS travaille sur les études de cas pour les entreprises situées en Lorraine, consacrées à l’optimisation de la productivité.

Enfin, le LCOMS contribue à la bonne gestion du projet, ayant notamment hébergé le premier Comité d’accompagnement en 2018.

Quelles étapes majeures ont été franchies avec le LCOMS dans le cadre de PRODPILOT ?

Tel que défini dans la demande de concours du projet, la plateforme n’a été développée qu’à partir du début du projet. Le savoir-faire existait déjà au LCOMS, il y a eu un appui sur les compétences déjà préexistantes au sein du laboratoire, dans le cadre d’aide à la décision, l’informatique, la logistique ou encore l’optimisation.

En quoi la plateforme d’analyse des données de productivité apporte-t-elle une plus-value considérable pour les PME de la Grande Région ?

La plateforme a différents aspects ; la vision macroscopique de la productivité à travers le premier questionnaire automatisé : l’entreprise peut faire le test en toute confidentialité, sans se déplacer. D’autre part, les réponses peuvent être affinées selon les indicateurs, aidant par cela les entreprises.

Un autre aspect est que la plateforme à travers les outils algorithmiques – notamment les outils d’aide à la décision, va permettre à l’entreprise d’avoir des pistes de questionnement sur les améliorations possibles quant à la productivité, une consultation qui lui facilite le choix des bonnes directions à prendre pour améliorer sa productivité.

Enfin, il existe nombre de dispositifs offerts à l’entreprise : le développement de la numérisation, l’amélioration de l’organisation interne de l’atelier, la possibilité de revoir sa politique de gestion de stocks. D’un point de vue externe, il y a également la possibilité d’accompagner l’entreprise par un cabinet de conseil ou un partenaire académique, afin d’affiner une question de recherche par exemple. En fin de compte, cet aspect de match-making rentre dans l’aide à la décision pour l’entreprise. Tous ces éléments permettent à l’entreprise de mieux appréhender sa politique d’innovation et de productivité. Il faudra attendre les résultats finaux pour avoir une idée précise de la performance de cette plateforme.

Quels obstacles avez-vous du surmonter depuis le début du projet concernant l’analyse des données, et qu’en tirez-vous comme bénéfices pour la mise en ligne de la plateforme ?

Tous les obstacles ont été globalement maitrisés ; le véritable challenge reste la disponibilité des entreprises pendant une période atypique qu’est la crise sanitaire, et qui a bouleversé le fonctionnement des PME, plus fragiles que les grandes multinationales. Les plans de relance nationaux ont permis de sauvegarder la plupart des activités. Mais les sociétés avaient alors d’autres priorités. Il a donc fallu se réorganiser, cela n’empêchant pas de voir l’avancée du projet et les relations avec les entreprises de manière très satisfaisante.

Pourquoi le thème de la productivité est-il particulièrement pertinent pour la Grande Région et les petites et moyennes entreprises qui y sont implantées ?

Quand on regarde l’implication de certaines entreprises et le potentiel d’amélioration de celles-ci, le projet prend une dimension nouvelle, en ce qu’il existe de nombreuses pistes d’amélioration auxquelles le projet à travers la plateforme tente de répondre. Beaucoup d’entreprises n’ont pas encore fait le pas vers l’innovation ou l’amélioration numérique. Financièrement, ces entreprises sont solides mais sans réelle structure digitale. La crise sanitaire a montré l’urgence pour certaines entreprises de franchir ce pas là. Il y a là la démonstration et l’intérêt d’améliorer logistique interne et externe. Le fait demeure que certaines entreprises se sont aperçues qu’il y avait un problème de gestion ou disponibilité des ressources. Cela n’est pas lié à performance technologique de l’entreprise mais plutôt à des aspects organisationnels (gestion, ressources humaines).

De manière générale, il y a un intérêt supplémentaire qui pour PRODPILOT permettrait de montrer la voie aux entreprises qui souhaitent passer à un nouveau niveau de digitalisation.

Il faut rappeler qu’il ne suffit pas de digitaliser, mais également d’analyser la réorganisation des services au sein d’une entreprise, leur pilotage, leur redimensionnement. Un système digital approprié à l’entreprise est une réponse à ce type de besoin.

Quelles possibilités de pérennisation de la plateforme sont aujourd’hui envisagées, dans le but de faire perdurer les idées de PRODPILOT au-delà de la période allouée ?

La pérennisation de la plateforme peut se voir à travers différents prismes. Sur le plan technologique et matériel, la plateforme demeurera au LCOMS où toutes les compétences sont déjà rassemblées. L’idée est que la plateforme ait un impact maximal dans la Grande Région pour le bien des entreprises. Il faudra donc continuer l’innovation et l’amélioration de la plateforme, avec les évolutions technologiques disponibles et à venir.

Il y a donc un travail de réflexion à avoir sur la plateforme, à travers la conduite d’autres projets interrégionaux. Cela doit rentrer dans la stratégie afin de mieux accompagner les entreprises. Dans l’optique d’améliorer l’impact de la plateforme, des contacts avec de nouveaux acteurs de premier plan de la Grande Région sont établis afin de pérenniser la plateforme.